SkiTEC : créateur de meubles à partir de ski upcyclés.
Tabouret de bar en skis recyclés.

Upcycling en France : que payent nos clients ?

Chez SkiTEC, nous concevons et fabriquons nous-mêmes en France des meubles, des abris à vélos, des pergolas ou encore des supports photovoltaïques, issus de matériaux surcyclés. Nous sommes installés plus précisément en Savoie (Auvergne-Rhône-Alpes). Nos locaux sont dotés de plusieurs postes de travail au sein de notre atelier. Notre stock de matière première de réemploi, de petits bureaux et un showroom pour montrer notre savoir-faire en upcycling complètent le tout.

Nous faisons partie de cette « industrie manufacturière française », qui dans les discussions à table ou à l’apéro semble appelée de tous les voeux : créer des emplois locaux, maintenir voire inventer des savoir-faire, réduire notre dépendance aux importations, réduire notre impact écologique… Quant a fortiori, il s’agit d’une entreprise d’upcyling en France, bingo ! Pourtant, de manière récurrente, nos amis, notre famille, et même nos associés nous demandent :

Mais pourquoi nos produits sont-ils si chers ?

Extrait d’une discussion classique avec un ami qui visite notre page catalogue.

Nous adorons parler de notre entreprise, de nos métiers. D’ailleurs chaque personne qui vient visiter SkiTEC le sait après avoir échangé avec l’équipe : nous aimons notre travail, et nous aimons bien le faire. Seulement, nous sommes un peu usés (il faut l’avouer) de toujours devoir défendre nos prix, surtout quand il s’agit de le défendre plutôt auprès de proches du projet que de nos propres clients. D’où ce premier article sur le sujet. Les paroles s’envolent, les écrits restent.

Combien nous coûtent les skis que nous surcyclons ?

La spécificité de notre activité, et non des moindres, c’est que nous utilisons une ressource abondante en montagne, mais peu considérée… les skis. Et ces skis arrivent chez nous sans que nous ayons à les payer, grâce à la filière de fin de vie des articles de sport et loisirs gérée par Ecologic. Nous recevons également des rebuts de production grâce à certains fabricants.

Alors, quand on sait que, dans l’industrie (de notre catégorie : autres produits industriels), le coût des matières premières – et sous-traitants éventuels pour la transformer – représente quasi 70% de leur chiffre d’affaires… nous aurions trouvé un super filon.

Alors effectivement l’histoire commence plutôt bien. Nous ne dépensons pas d’argent pour acquérir cette « matière ski ». Comment ? Grâce à la filière mise en place par l’éco-organisme Ecologic pour les articles de sports et loisirs (REP ASL dans le jargon). SkiTEC et certains de nos associés avons réussi à faire reconnaître auprès de lui la réutilisation comme un traitement possible de ce « déchet ». Cet upcycling n’est techniquement parlant en France ni du réemploi ni du recyclage, mais de la « réutilisation ». C’est un autre débat – de spécialistes, et surtout de case administrative.

SkiTEC revalorise des skis usagés en Savoie, France.

D’où vient notre matière première française, le ski ?

Bref, concrètement, lorsque vous (professionnels et particuliers) déposez une paire de skis dans un bac de collecte en déchetterie sur les départements de l’Ain, Haute-Savoie, Savoie et Isère, des entreprises mandatées par Ecologic les regroupent ensuite sur des « plateformes de regroupement » que gèrent ces mêmes entreprises (Trialp et Tri-vallées). Vous imaginez bien que les skis n’y sont pas triés par année, taille, marque, modèle comme dans votre magasin d’articles de sport favori.

Non, vous avez face à vous des montagnes de skis de plusieurs mètres de haut (imaginez une casse, mais remplacez les voitures par des skis), ou des skis dans des bennes (vous savez les grandes bennes que vous pouvez voir en déchetterie), ou dans des dizaines et des dizaines de poubelles et de cages… C’est là que notre travail commence. Nous devons sélectionner les skis qui nous intéressent, puis leur enlever les fixations, puis les conditionner dans des palettes métalliques. Une personne traite environ 1 tonne à la journée. Ce travail représente un coût pour SkiTEC d’environ 1€ par ski. L’éco-organisme prend en charge le transport jusqu’à notre atelier.

Des skis upcyclés à faible coût

Donc quand les skis arrivent chez nous, ils nous ont coûté 1€ chacun, l’histoire continue donc encore plutôt bien. Il y a encore du travail pour que nous n’ayons plus qu’à les « piocher » pour les transformer. Un ski n’est pas un autre ski. Pour des raisons techniques et esthétiques, nous devons « caractériser » la matière. Une table basse avec skis vintage n’aura pas le même rendu que le même modèle avec des skis « fat » de poudreuse. Des skis souples ne peuvent pas être utilisés pour construire un abri à vélos car nous avons besoin de caractéristiques mécaniques minimales.

A chaque commande, vous nous imaginez mal fouiller dans chaque palette métallique, qui contient quasi 1 tonne de skis chacune, pour extraire les 96 skis nécessaires à un abri ou encore les 34 skis d’un ensemble de meubles… Donc il faut les trier. Et donc, encore du temps de travail. Nous en sommes à quasiment 2€ par ski, mais l’histoire continue toujours sur de bons rails… notre matière première principale est quasi gratuite.

Nous stockons ensuite ces skis, avec un coût, mais nous allons le mettre de côté pour l’instant, nous y reviendrons plus tard dans les coûts indirects. A celles et ceux qui savent que la filière des articles sport et loisirs nous rémunère pour chaque ski que nous récupérons : effectivement 0,20€ par ski, donc cela diminue d’environ 10% le coût des skis à notre charge (hors stockage).

L’histoire décidément est plutôt belle… Un tabouret haut par exemple, qui réutilise 3 skis, a donc un coût de la matière « ski » de moins de 2% du prix de vente. Pour un abri à vélos qui recycle 162 skis, ce coût est de 4% environ. C’est ridiculement bas par rapport aux 70% du « standard »… L’upcycling en France à partir de skis, nouvel eldorado ?

Mais où passe l’argent de nos clients ?

Comment est-ce possible de vendre des tabourets à quasiment 300€ ou des abris à vélos à 7000€ en moyenne quand notre matière principale nous coûte 3% du prix de vente ? Observez bien nos produits… vous allez trouver !

Table basse upcyclée en France à partir de matériaux réutilisés.

Les skis sont certes l’originalité de nos produits, ils sont mis en avant, visibles, ils racontent une histoire, ils sont choisis en fonction de chaque demande client. Seulement voilà, nous n’utilisons pas que des skis pour fabriquer nos meubles, construire des abris ou des supports pour des centrales photovoltaïques au sol.

Nous avons besoin d’autres matières premières que le ski. D’une part, nous réutilisons d’autres articles de sport ou équipements de montagne : bâtons de ski, jantes de vélos, perches de téléskis. Ces articles ne sont pas toujours aussi évidents à identifier que les skis, mais nous utilisons des jantes pour quasi toutes nos assises et nos tables, ou encore des perches de téléski pour nos supports photovoltaïques. La logique est la même que pour les skis, ils représentent eux aussi un faible coût, qui s’ajoute à celui des skis.

Comment notre coût matière peut-il atteindre plus de 30% de notre prix pour des produits upcyclés ?

Si vous avez observé nos produits, vous avez identifié d’autres matières que les articles de sport surcyclés… Nous utilisons du bois, des panneaux d’éco-matériau plastique, ou encore de la quincaillerie. Et nous avons fait des choix forts d’approvisionnement durable pour proposer des matières résistantes dans le temps à nos clients, esthétiques, et à faible impact environnemental.

Nous utilisons du bois local non traité qui résiste naturellement aux intempéries, à savoir du mélèze transformé par Michel MONIN Bois près d’Albertville, pour nos abris ou encore nos châssis de bancs. Les connaisseurs identifient la qualité de ce mélèze pour nos meubles : il s’agit de bois de qualité menuiserie, poncé et chanfreiné. Quant aux assises de nos tabourets, nous proposons du bois tourné (noyer ou frêne) réalisé avec brio par les mains de Baptou, un artisan des Ateliers Gouj en Chartreuse. Nous proposons également un éco-matériau innovant pour nos plateaux de tables et assises : du plastique recyclé haut de gamme résistant structurellement, façonné par Place-Tic pour obtenir une surface poncée régulière et un chanfrein élégant. Dans notre gamme Altitude, nous proposons des plateaux en noyer massif réalisé par un ébéniste savoyard.

Bardage abri skis réemploi mélèze Alpes France.

Un choix fort de fournisseurs français pour des matières résistantes et à faible impact écologique

Vous l’aurez compris à travers ces quelques exemples, nous veillons à ce que nos matières premières proviennent de fournisseurs français, essentiellement installés en Auvergne-Rhône-Alpes. Ils s’approvisionnent eux-mêmes le plus localement possible avec des matières dont l’impact environnemental est le plus faible possible. Nous travaillons avec des PME, qui ont un savoir-faire, qui maintiennent des emplois en France, qui connaissent parfaitement leur travail, qui savent être réactives. Elles produisent des matières haut de gamme : les finitions sont au RDV, la résistance dans le temps également… et bien évidemment ce sont de belles matières. Cela a un coût. Ces matières « autres » représentent 22% du prix d’un abri à vélos ouvert, 28% de celui d’un tabouret, et jusqu’à 43% pour certaines pièces de mobilier.

Table basse ronde fabriquée à partir de skis upcyclés en France.

En moyenne nos matières premières – skis, articles de sport, autres matières – ont un coût représentant 32% de nos prix de vente. Donc grossièrement, sur un tabouret à 275€, le client paie 83€ qui reviennent à nos fournisseurs. Sur notre abri à vélos standard de 7000€ prix posé, ce sont 1820€ qui financent nos approvisionnements. Notre matière première est donc loin d’être gratuite.

Vous observerez avec pertinence que notre matière a tout de même un coût deux fois moindre que la moyenne dans notre catégorie d’industrie (les 70%). Mais alors, où va cette différence, comment se décomposent les autres coûts ? La suite dans un prochain article…